La ruelle était bien sombre ce soir là. Assez en tout cas pour que la gîte naturelle de ma démarche chaloupée m'entraîne irrémédiablement vers ce canal urbain qu'on nomme caniveau. J'avais abusé, j'avoue, j'en conviens, de bien trop de genres et de litres, jusqu'à boire à l'entonnoir des liquides que certains maitres en la matière qualifieraient de la catégorie du bizarre. Pendant que je me massais l'orteil qui avait souffert d'un changement spatio-temporel du nivellement d'un muret improbable, des formes oblongues vaporeuses me lançaient de loin et de biais quelques quolibets bien placés. non pas que je m'en souvienne, mais oser insulter le seul qui dans la soirée a réussi à faire tenir la bouteille de calva sur son nez, à la manière de l'otarie de l'aut' Harry, c'est comme se moquer d'un solex quand on n'est au volant que d'une ridicule Vespa napolitaine. C'est lâche et déloyal.
J'ai bien essayé de riposter, mais entre postillons et grommellements caverneux, les bougres ont crû avoir à faire à un authentique et éthylique bègue. Je m'énervais tout seul, à me relever, puis à laver l'affront avant de laver mon pantalon, la tomate n'était pas aussi écarlate que ma pigmentation avinée, et si j'avais réussi à trouver mes deux bras, je pense qu'ils auraient gouté d'un bras d'honneur bien placé. Pas de bol, j'ai jamais trouvé le deuxième bras ce soir là. La riposte graduée était donc impossible. Il fallait me concentrer et mettre la gomme dans une répartie cinglante et qui ferait date dans les annales de ce faubourg vraiment mal famé : "hé, vous tous là, [postillons] vous z'allez me lâcher la sa sa salopette [grumbl] où j'vais vous faire [haut le coeur] tâter du du du périscope de mon gros sous-marin" Aucune logique avec le recul, mais l'incohérence du propos, doublé d'une remonté de sangria aux pâtes m'a permis de remporter une victoire nette et éclatante sur l'adversité floue.
Ce soir là, l'OM était champion d'Europe
Extrait de "Souvenirs du 26 mai 1993"
Post écrit avec, en fond, la sonate pour piano en Si mineur de Chopin
J'ai bien essayé de riposter, mais entre postillons et grommellements caverneux, les bougres ont crû avoir à faire à un authentique et éthylique bègue. Je m'énervais tout seul, à me relever, puis à laver l'affront avant de laver mon pantalon, la tomate n'était pas aussi écarlate que ma pigmentation avinée, et si j'avais réussi à trouver mes deux bras, je pense qu'ils auraient gouté d'un bras d'honneur bien placé. Pas de bol, j'ai jamais trouvé le deuxième bras ce soir là. La riposte graduée était donc impossible. Il fallait me concentrer et mettre la gomme dans une répartie cinglante et qui ferait date dans les annales de ce faubourg vraiment mal famé : "hé, vous tous là, [postillons] vous z'allez me lâcher la sa sa salopette [grumbl] où j'vais vous faire [haut le coeur] tâter du du du périscope de mon gros sous-marin" Aucune logique avec le recul, mais l'incohérence du propos, doublé d'une remonté de sangria aux pâtes m'a permis de remporter une victoire nette et éclatante sur l'adversité floue.
Ce soir là, l'OM était champion d'Europe
Extrait de "Souvenirs du 26 mai 1993"
Post écrit avec, en fond, la sonate pour piano en Si mineur de Chopin