18-05-2008, 10:34
Tsuki-Yomi a écrit :Me voilà donc, échoué dans ce recoin en attendant la prochaine bourrasque qui m'entraînera où sais-je encore.
Sans aucun doute je viens de loin. D'un voyage tellement long, qu'il me semble que je n'ai jamais quitté les routes tortueuses et poussiéreuses. Ni pavé ni pancarte sur mon chemin, invariablement une terre qui ne varie que par sa couleur et son humidité.
Oui, je me suis emberlificoté par ici. Certains diront qu'il y avait de la lumière, moi je rajouterai que ça sentait bon.
Entreprise délicate de renouer le contact avec la civilisation après s'être perdue dans la solitude de la route, sans compagnon pour briser le silence, sans camarade pour partager les moments de bonheur que nous offrent la nature.
Non je ne suis ni écrivain, ni poète ou un quelconque artiste maudit. Je suis encore moins porteur de messages philosophiques ou biens pensants. Mais je ne suis pas non plus un couard. Je ne suis fuis rien, comme je ne suis poursuis pas grand chose non plus.
Les moralisateurs j'en ai que faire, les aigris sont sûrement plus perdus que je ne le suis. L'autogestion est mon pain quotidien.
Je peux m'assoir ? Merci, j'ai les jambes lourdes vous savez.
Et l'autre il se prend pour Kerouac ! Je sens déjà les premières acidités. Désolé, je n'ai pas de slogan beat-generation à t'offrir pour un instantané de liberté, un petite sucrerie pour adoucir la routine qui nous accable tous.
Ah, c'est gentil de me servir à boire. Je dois avoir l'air misérable avec toute cette boue. Si j'avais su que cet ersatz de transcendantalisme me mettrait dans de tels états ... Enfin je ne suis pas là pour très longtemps, aucune raison que je m'affiche comme un être irréprochable ou que je joue un quelconque personnage de roman. On ne vous la fait pas à vous n'est-ce pas ?
Encore étudiant j'avais peur des vérités qui m'entouraient, vous savez celles qui vous concernent directement et qui vous font réfléchir sur ce que vous voulez vraiment.
Maintenant je n'ai plus vraiment peur, mais j'ai jamais cessé de me remettre en question.
Mon dieu voilà que je me mets à vous parler de ma vie. Excusez-moi, tous ces mois de solitude ça vous rend bavard.
A chacun sa croix, c'est dans l'air du temps vous avez raison. Je me tairai donc.
Ah je vous ennuie pas. Vous êtes bien élevés. Mais merci de cette délicatesse. Mon nom ? Tiens, c'est pas moi par contre qui serait fichu d'être bien élevé. Je manque à toutes convenances. Je m'appelle Fabricio. Non c'est pas Français comme nom. Mais je ne suis moi-même pas Français non plus. Si ça m'a posé des problèmes jusque là ? C'est drôle que vous me demandiez ça car j'étais avec un ami noir qui faisait un bout de chemin avec moi, un camourenais, un bon bougre. Je l'ai perdue en route. Une descente des hommes de loi, de policiers ou de CRS que sais-je, je ne suis pas trop au courant de ce genre de chose, l'ont fait disparaître du foyer dans lequel il s'était arrêté pour manger. C'est dommage il aurait été avec nous pour discutailler un peu.
En ce qui me concerne je suis Argentin. Je suis né là bas mais mon père est Français d'origine. Il m'a donc appris un peu de Français. Ce qui me permet de communiquer ici avec vous sans trop de difficulté. Ah oui le football c'est mon premier amour. Et vous savez ce qu'on dit sur les premiers amours ... Le nombre de match que j'ai suivi au pays, le nombre de stade que j'ai fait, le nombres de papelitos que j'ai jeté, de fumigène que j'ai allumé ...
Un amour que rien ne freine. Mettez quelque barrière ou barricade que vous voudrez, vous n'y changerez rien.
Bon il est temps pour moi de poursuivre ma route. Je vous remercie de votre hospitalité. C'est qu'on se sent bien ici.
Loin de moi toute prétention de changer quoi que ce soit dans ce monde, je continue juste ma révolution personnelle, et seule Dieu saura où elle me mènera. J'espère avoir l'occasion de vous en reparler dans de meilleurs conditions et dans un tenue plus présentable.
Tsuki-Yomi
ara-opiom:ara-opiom
Je sors de mon coltar
L'esprit un peu pataud
Le coeur dans les pétards
D'un stade allegretto...
Bons mots soixante-huitards
Servis sur un plateau
D'un Kerouac routard
Cerise sur le gâteau...
Quand le papé lit tard
Les beaux papelitos
D'un argentin moutard
C'est la vie de château...
On goûte le nectar
Servi sur un plateau
Comme un son de guitare
Joué pizzicato...
Tsuki-Yomi
Tu es admis !