14-08-2004, 00:18
Même si ca radotte un peu...Ne me privez pas du plaisir de vous faire partager une des plus belle page du cinéma Français:
Un singe en hiver 1962 Henri Verneuil, dialogues Michel Audiard
Juin 1944 en Normandie. Albert Quentin, ancien quartier-maître du corps expéditionnaire en Chine, propriétaire de l'Hôtel Stella, boit chez Georgina avec son ami Esnault. Il boit pour "voyager". Le village est bombardé, sa maison manque d'être détruite. Quentin promet à sa femme Suzanne de ne plus boire si l'hôtel est préservé. Les années ont passé. Quentin a tenu parole. Une nuit d'hiver, un jeune homme, Gabriel Fouquet, arrive à l'hôtel. Il boit pour oublier un mariage malheureux. Son " voyage " : l'Espagne et la tauromachie. Le lendemain de son arrivée, Fouquet se rend au pensionnat afin d'y voir sa fille Marie, mais la présence du jardinier qui l'a vu ivre la veille, le fait s'esquiver. Le jour de la Toussaint, il se livre à une corrida avec les voitures ; les gendarmes l'arrêtent. Quentin obtient sa libération et l'entraîne chez Georgina où ils se saoulent. Ils prennent d'assaut le pensionnat puis avec Landru ils vont tirer, en pleine nuit, un feu d'artifice sur la plage, qui réveille tout le village... Le lendemain Fouquet reprend sa fille. Quentin prend le train avec eux et raconte à Marie l'apologue des singes : "En Chine, quand arrivent les premiers froids on trouve un peu partout des petits singes perdus, égarés. Alors comme les habitants croient que même les singes ont une âme, ils donnent de l'argent pour qu'on les ramène dans leur forêt natale". Quentin descendra au prochain arrêt tandis que s'inscrit sur l'écran, à la place du mot fin, " et maintenant voici venir un long hiver".
Un extrait...
Le Yang Tsé Kiang n'est pas un fleuve, camarade... C'est une avenue... Une avenue de 5000 kilomètres qui dégringole du Tibet et qui s'arrête à la mer Jaune... A gauche et à droite des jonques, des sampans... Au milieu, en plein courant, des tourbillons d'îles flottantes... Des orchidées hautes comme des arbres et des troupeaux de buffles... Des millions de mêtres en cubes d'or, de fleurs et de limon qui descendent vers Nankin, au milieu des pagodes et des ville en bois... Des villes pontons où tout est à vendre: l'alcool, le poisson cru, les putains, l'opium...
J.Gabin...
La scène suivante...
- Matelot Hénault Lucien, veuillez armer la jonque, on appareille dans cinq minutes.
- C'est parti
- Albert, je vous en prie, vous n'allez pas encore tout me saloper comme la dernière fois.
- Madame, le droit de navigation sur le Yang Tse Kiang nous est formellement reconnu par la convention du 3 août 1885. Contesteriez-vous ce fait ?
- Je ne conteste rien. Je vous demande simplement de ne pas tout me casser comme l'autre jour.
- Oh... mais pardon ! L'autre jour, les hommes de Chung Yang Tsen ont voulu jouer au con. Heureusement que j'ai brisé la révolte dans l'oeuf, sans barbarie inutile, il est vrai. On n'a coupé que les mauvaises têtes ; le matelot Hénault peut témoigner.
- Sur l'honneur.
- Bon. Nous allons donc poursuivre notre mission civilisatrice. Et d'abord, j'vais vous donner les dernières instructions de l'Amiral Guépratte, rectifiées par le Quartier-Maître Quentin ici présent. Voilà : l'intention de l'Amiral serait que nous perçions un canal souterrain qui relierait le Wang-Ho au Yang- Tse-Kiang.
- Le Yang Tse Kiang... bon...
- Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que Wang Ho veut dire fleuve jaune et Yang Tse Kiang fleuve bleu. Je ne sais si vous vous rendez-compte de l'aspect grandiose du mélange : un fleuve vert, vert comme les forêts comme l'espérance. Matelot Hénault, nous allons repeindre l'Asie, lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de bouse !
- Bon... Je vois qu'vous êtes raisonnables, j'vous laisse... J'ai des clients à servir, moi.
- Eh ! Dites donc, l'Indigène ! Un peu d'tact, hein !... Parlons d'autre chose !... Parce qu'on les connaît, vos clients ! La Wermacht polissonne et l'Feldwebel escaladeur !... Hein !... Et puis bouse, j'vous raconterais plus rien, là !
- Chut, Albert ! Vous fâchez pas !
- Mais vous fâchez pas, vous fâchez pas ! Mais, nom de Dieu d'bordel, j'vous offre des rivières tricolores, des montagnes de fleurs et des temples sacrés et vous m'transformez tout ça en maison d'passe !... Vous plantez votre Babylone normande dans ma Mer de Chine !... Alors !... Matelot Esnault !
- Oui, Chef !
- On va brûler l'village !... Où sont les grenades, que j'les dégoupillent !...
- Monsieur Quentin !... Calmez-vous !... Je vous demande pardon !...
- Une reddition ?... Soit !... La main d'fer dans l'gant d'velours !... Matelot, à vos pagaies !
- Oui, Chef !
- Attention aux roches !... Et surtout, attention aux mirages !... Le Yang-Tsé-Kiang n'est pas un fleuve, c'est une avenue... Une avenue d'cinq mille kilomètres qui dégringole du Tibet pour finir dans la Mer Jaune, avec des jonques et puis des sampans d'chaque côté... Pis au milieu y'a des... des tourbillons d'îles flottantes, avec des orchidées hautes comme des arbres... Le Yang-Tsé-Kiang, camarade, c'est des millions de mètres cubes d'or et d'fleurs qui descendent vers Nankin... Et avec, tout l'long, des villes-pontons où on peut tout acheter... De l'alcool de riz, d'la religion, et pis des garces, d'l'opium... Ch'peux vous affirmer, Tenancière, que le fusilier-marin a été longtemps l'élément décoratif des maisons d'thé... dans c'temps-là, on savait rire... Elle s'était mise sur la paille / Pour un maquereau roux et rose / C'était un juif, il sentait l'ail / Il l'avait, venant de Formose / Tirée d'un bordel de Shangaï.
- Oh, c'est beau !...
- C'est pas d'moi !... C'est des vapes, comme ça, qu'y m'reviennent... quand j'descends l'fleuve...
J.P Belmondo / J.Gabin / Hella Petri
Un singe en hiver 1962 Henri Verneuil, dialogues Michel Audiard
Juin 1944 en Normandie. Albert Quentin, ancien quartier-maître du corps expéditionnaire en Chine, propriétaire de l'Hôtel Stella, boit chez Georgina avec son ami Esnault. Il boit pour "voyager". Le village est bombardé, sa maison manque d'être détruite. Quentin promet à sa femme Suzanne de ne plus boire si l'hôtel est préservé. Les années ont passé. Quentin a tenu parole. Une nuit d'hiver, un jeune homme, Gabriel Fouquet, arrive à l'hôtel. Il boit pour oublier un mariage malheureux. Son " voyage " : l'Espagne et la tauromachie. Le lendemain de son arrivée, Fouquet se rend au pensionnat afin d'y voir sa fille Marie, mais la présence du jardinier qui l'a vu ivre la veille, le fait s'esquiver. Le jour de la Toussaint, il se livre à une corrida avec les voitures ; les gendarmes l'arrêtent. Quentin obtient sa libération et l'entraîne chez Georgina où ils se saoulent. Ils prennent d'assaut le pensionnat puis avec Landru ils vont tirer, en pleine nuit, un feu d'artifice sur la plage, qui réveille tout le village... Le lendemain Fouquet reprend sa fille. Quentin prend le train avec eux et raconte à Marie l'apologue des singes : "En Chine, quand arrivent les premiers froids on trouve un peu partout des petits singes perdus, égarés. Alors comme les habitants croient que même les singes ont une âme, ils donnent de l'argent pour qu'on les ramène dans leur forêt natale". Quentin descendra au prochain arrêt tandis que s'inscrit sur l'écran, à la place du mot fin, " et maintenant voici venir un long hiver".
Un extrait...
Le Yang Tsé Kiang n'est pas un fleuve, camarade... C'est une avenue... Une avenue de 5000 kilomètres qui dégringole du Tibet et qui s'arrête à la mer Jaune... A gauche et à droite des jonques, des sampans... Au milieu, en plein courant, des tourbillons d'îles flottantes... Des orchidées hautes comme des arbres et des troupeaux de buffles... Des millions de mêtres en cubes d'or, de fleurs et de limon qui descendent vers Nankin, au milieu des pagodes et des ville en bois... Des villes pontons où tout est à vendre: l'alcool, le poisson cru, les putains, l'opium...
J.Gabin...
La scène suivante...
- Matelot Hénault Lucien, veuillez armer la jonque, on appareille dans cinq minutes.
- C'est parti
- Albert, je vous en prie, vous n'allez pas encore tout me saloper comme la dernière fois.
- Madame, le droit de navigation sur le Yang Tse Kiang nous est formellement reconnu par la convention du 3 août 1885. Contesteriez-vous ce fait ?
- Je ne conteste rien. Je vous demande simplement de ne pas tout me casser comme l'autre jour.
- Oh... mais pardon ! L'autre jour, les hommes de Chung Yang Tsen ont voulu jouer au con. Heureusement que j'ai brisé la révolte dans l'oeuf, sans barbarie inutile, il est vrai. On n'a coupé que les mauvaises têtes ; le matelot Hénault peut témoigner.
- Sur l'honneur.
- Bon. Nous allons donc poursuivre notre mission civilisatrice. Et d'abord, j'vais vous donner les dernières instructions de l'Amiral Guépratte, rectifiées par le Quartier-Maître Quentin ici présent. Voilà : l'intention de l'Amiral serait que nous perçions un canal souterrain qui relierait le Wang-Ho au Yang- Tse-Kiang.
- Le Yang Tse Kiang... bon...
- Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que Wang Ho veut dire fleuve jaune et Yang Tse Kiang fleuve bleu. Je ne sais si vous vous rendez-compte de l'aspect grandiose du mélange : un fleuve vert, vert comme les forêts comme l'espérance. Matelot Hénault, nous allons repeindre l'Asie, lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de bouse !
- Bon... Je vois qu'vous êtes raisonnables, j'vous laisse... J'ai des clients à servir, moi.
- Eh ! Dites donc, l'Indigène ! Un peu d'tact, hein !... Parlons d'autre chose !... Parce qu'on les connaît, vos clients ! La Wermacht polissonne et l'Feldwebel escaladeur !... Hein !... Et puis bouse, j'vous raconterais plus rien, là !
- Chut, Albert ! Vous fâchez pas !
- Mais vous fâchez pas, vous fâchez pas ! Mais, nom de Dieu d'bordel, j'vous offre des rivières tricolores, des montagnes de fleurs et des temples sacrés et vous m'transformez tout ça en maison d'passe !... Vous plantez votre Babylone normande dans ma Mer de Chine !... Alors !... Matelot Esnault !
- Oui, Chef !
- On va brûler l'village !... Où sont les grenades, que j'les dégoupillent !...
- Monsieur Quentin !... Calmez-vous !... Je vous demande pardon !...
- Une reddition ?... Soit !... La main d'fer dans l'gant d'velours !... Matelot, à vos pagaies !
- Oui, Chef !
- Attention aux roches !... Et surtout, attention aux mirages !... Le Yang-Tsé-Kiang n'est pas un fleuve, c'est une avenue... Une avenue d'cinq mille kilomètres qui dégringole du Tibet pour finir dans la Mer Jaune, avec des jonques et puis des sampans d'chaque côté... Pis au milieu y'a des... des tourbillons d'îles flottantes, avec des orchidées hautes comme des arbres... Le Yang-Tsé-Kiang, camarade, c'est des millions de mètres cubes d'or et d'fleurs qui descendent vers Nankin... Et avec, tout l'long, des villes-pontons où on peut tout acheter... De l'alcool de riz, d'la religion, et pis des garces, d'l'opium... Ch'peux vous affirmer, Tenancière, que le fusilier-marin a été longtemps l'élément décoratif des maisons d'thé... dans c'temps-là, on savait rire... Elle s'était mise sur la paille / Pour un maquereau roux et rose / C'était un juif, il sentait l'ail / Il l'avait, venant de Formose / Tirée d'un bordel de Shangaï.
- Oh, c'est beau !...
- C'est pas d'moi !... C'est des vapes, comme ça, qu'y m'reviennent... quand j'descends l'fleuve...
J.P Belmondo / J.Gabin / Hella Petri
Cum igitur Massilis et fama rerum gestarum et abundantia opum et uirium gloria uirente floreret, repente finitimi populi ad nomen Massiliensium delendum uelut ad commune extinguendum incendium concurrunt.
Trogue Pompée.
Trogue Pompée.